On entame cette Semaine Européenne de Réduction des Déchets sur le thème des déchets cachés avec du lourd, du très lourd : le linge sale de l’industrie textile!

Quel est le problème ?

En termes de déchets cachés, l’industrie textile bat tous les records. Les t-shirts et autres jeans bien rangés dans nos rayons dissimulent un lourd passé de production.

En effet, derrière son apparence naturelle, la fibre de coton est une incroyable consommatrice de ressources naturelles. Sa culture nécessite des quantités d’eau astronomiques, rendant ce secteur l’un des plus grands consommateurs d’eau au monde. Pour produire un seul jean, c’est entre 7000 et 11000 litres d’eau qui sont nécessaires [1]. Pas étonnant donc que l’on détourne des rivières, on assèche des mers et on pompe les nappes phréatiques en Chine, en Ouzbékistan, aux Etats-Unis ou en Inde pour irriguer les champs de coton. En plus de l’eau, c’est aussi du pétrole qui est consommé en masse sur les champs, sous forme de pesticides. Un quart des pesticides mondiaux sont dédiés à la culture du coton [2]!
La dépendance au pétrole de nos vêtements ne se limite pas aux pesticides puisque les fibres synthétiques, issues des produits pétroliers, comme l’élasthanne ou le polyester, sont encore plus utilisées que le coton. Moins chères et plus faciles à entretenir, elles constituent presque 70% de la production mondiale de fibres textiles [2].

En outre, une ribambelle de produits chimiques toxiques et polluants sont utilisés dans les usines de textiles. Cadmium, cuivre, chrome, eau de javel ou mercure servent pour les teintures, les effets “délavés”, l’assouplissement, le tannage de nos vêtements… puis sont relâchés dans la nature. Le traitement des eaux usées n’est malheureusement pas contrôlé dans tous les pays producteurs de textiles. L’impact est désastreux sur la faune, la flore et la santé des travailleurs de ces régions [3].

Quand on achète un nouveau vêtement, consommer local est très compliqué. La marchandise provient du bout du monde, produite même dans différents pays selon l’étape de fabrication. Au niveau du transport, nos textiles participent donc encore à l’épuisement des ressources et aux dérèglements environnementaux.

Et les problèmes se poursuivent après l’achat. La fast fashion, c’est la mode du jetable. Des millions de tonnes de déchets textiles sont produits et s’accumulent tous les ans, les débouchées de recyclage étant encore trop peu développées. Jeter stimule la production de nouveaux vêtements, empirant les externalités environnementales qui y sont liées. On entre ainsi dans un cercle vicieux qu’il est grand temps de ralentir voire urgent de stopper.

Quelles sont les solutions ?

Tout l’enjeu pour éviter les déchets cachés du secteur textile réside dans la minimisation absolue de l’achat neuf, ou en d’autres mots, dans la maximisation de l’utilisation des pièces déjà existantes.

Adoptez le réflexe de la seconde main. Pas d’excuse, vintage ou non, de nombreux magasins de seconde main existent en Belgique [4]. Les échanges entre amis, sous forme de vide-dressing, de bourses d’échange ou les nouvelles applications, sont aussi des occasions de renouveler notre garde-robe à moindre impact, et à moindre prix.

Louez vos vêtement. Ces services innovants se développent, et pas uniquement pour les déguisements. Chez Coucou shop par exemple, on peut louer une robe ou une tenue d’occasion sans devoir l’acheter ni s’encombrer.
L’allongement de la vie de nos biens passe également par la réparation. Que ce soit fait maison ou par un professionnel, rapiécer une chemise, recoudre un bouton ou recoller une semelle sont de petits gestes qui ont pourtant tout leur sens et toute leur importance.

Si vraiment l’achat neuf est inévitable, des labels environnementaux et sociaux peuvent guider le choix d’une nouvelle acquisition [5]. On peut privilégier le coton biologique, les fibres recyclées mais aussi les fibres moins gourmandes en eau, en pesticides et produites plus localement, comme le lin ou le chanvre.

Et si, vraiment, jeter un vêtement est la dernière alternative, des points de collecte ou d’apport volontaire sont disponibles partout en Belgique [6]. Les associations qui récupèrent les dons travaillent à revaloriser ces derniers par la revente, le recyclage ou l’upcycling.

On se retrousse les manches et on essaye la slow fashion ?

Quelles actions puis-je mettre en place ?

A l’échelle individuelle : Et si le prochain achat était un achat de seconde main ? Friperie, boutique de seconde main, Marketplace, Vinted. Rien de plus facile que de trouver rapidement son bonheur en mode slow fashion. Meilleure pour la planète, meilleure pour le porte-monnaie !

A plus grande échelle : Dès que les conditions sanitaires le permettront, j’organise un vide-dressing ou une bourse aux vêtements dans mon quartier ou avec mes amis !

 

Sources :

[1]: Revers de mon look, ADEME
https://www.ademe.fr/revers-look

[2] : Pourquoi s’habiller pollue la planète ?, Le Monde https://www.youtube.com/watch?v=3DdU7c66E9g&feature=youtu.be

[3]: Destination zéro : impacts de sept ans de campagne Détox sur l’industrie du vêtement, Greenpeace
https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2018/07/R%C3%A9sum%C3%A9-Detox-2018.pdf?_ga=2.92579997.1248404837.1531301779-1989101024.1530001735*

[4]: https://petitsriens.be/boutiques/, http://moinsdedechets.wallonie.be/de/node/102

[5]: https://www.textile.fr/labels-et-certifications

[6] : https://petitsriens.be/dons-en-nature/conteneurs-a-vetements/, https://terre.be/faire-un-don, https://www.curitas.be/fr/points-de-collecte/

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