On pouvait lire dans un article publié en février 2022 sur le site des Nations Unies que les femmes sont les plus vulnérables face au changement climatique notamment car «lorsque des catastrophes surviennent, les femmes sont moins susceptibles de survivre et plus susceptibles d’être blessées en raison d’inégalités entre les sexes de longue date qui ont créé des disparités en matière d’information, de mobilité, de prise de décision et d’accès aux ressources et à la formation." On pouvait lire aussi qu'en plus d'être les plus touchées, ce sont majoritairement les femmes qui sont derrière les initiatives et luttes pour la défense de l'environnement. Et pourtant, ce sont les mêmes qui se retrouvent bien souvent écartées de la sphère politique et sont dès lors privées de porter leur voix dans les hautes sphères décisionnelles.

Mais dans les faits : elles sont là, elles agissent et leur implication ne date pas d'hier ; déjà dans les années 70, les femmes (dans l'hémisphère Sud) se sont engagées pour la défense de certaines ressources afin d'assurer la survie de leur famille. Responsables de 60% à 80% de la production alimentaire du monde, ce sont elles aussi qui sont en charge d’aller chercher l’eau dans de nombreux pays en développement et pourtant, elles détiennent moins de 10% des terres. Elles assurent ainsi en grande partie la sécurité alimentaire mais jouent également un rôle phare dans la préservation de la biodiversité et des cultures ancestrales , peut-on lire sur le site de SOS FAIM.

Femme subordonnée ? Homme décideur-né ?

La femme a de tout temps été associée à la nature, au corps, à la coopération, à l'émotion, à la fragilité, au

"La Femme et la nature" - Susan Griffin (1978)

privé, au soin.  Alors que l'homme, lui, incarne la culture, l'esprit, la pensée rationnelle, scientifique et technique, l'action. Ces attributs cités pour l'homme sont vues par la société occidentale comme des ressources que l"on s'attend à retrouver chez tout décideur. Ce cliché "nature versus culture", différenciant les deux sexes et menant à une structure hiérarchique nette donne clairement à la femme le rôle de subordonnée.   «L’association entre les femmes et la nature a non seulement permis d’opprimer les femmes mais elle a aussi été l’instrument du déni, un moyen d’échapper à une vérité simple : l’existence humaine est immergée dans la nature, dépendante de la nature, et en est inséparable », nous rappelle la Philosophe Susan Griffin, auteure de La Femme et la Nature, livre fondateur de l’écoféminisme paru en 1978.

Des petits gestes écologiques à une écologie politique

Aujourd'hui, des études ont montré que ce sont encore les femmes qui travaillent ou donnent de leur temps gratuitement dans les milieux du soin, de la transition, de l'éducation et sont aussi celles qui au sein du foyer, effectuent la plupart du temps les tâches domestiques. S'il y a bien un endroit où notre société patriarcale laisse les femmes « s'épanouir » pleinement, c'est bien au sein du cocon familial, dans la sphère privé. Et quand toute la famille décide de "virer au vert" à la maison, c'est tout naturellement la femme qui s'y colle, et d'autant plus si les tâches ménagères n'étaient pas déjà réparties équitablement. Naturellement ? vraiment ? Titiou Lecocq ,auteure et journaliste française interviewée par Novethic, précise : "L’égalité est une condition nécessaire à la transition écologique. Tant que les hommes ne s’impliqueront pas dans ces sujets, ça ne marchera pas. Quitte à faire du zéro déchet, faisons du zéro sexisme".

En "voix" d'extinction ? Pas question !

Peut-on profiter de cet énième 8 mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, pour encourager et soutenir toutes les femmes impliquées  ? Celles qui se démènent au quotidien pour faire bouger les lignes ? Celles  qui ont l'envie et la force de sortir de ces dualismes tellement ancrés ? De s'extraire du foyer, de cette bulle privé, espace  assigné par des années d'inégalités, pour porter haut et fort  leurs idées au sein d'un collectif ? Pour porter haut et fort les voix de toutes celles qui n'en ont pas. Pour revendiquer de grands changements de société !

 

Sources
  • La femme et la nature, Susan Griffin, 1978
  • Le féminin est-il au masculin ce que la nature est à la culture ? : https://books.openedition.org/iheid/5797?lang=en
  • Les femmes sont responsables de la moitié de la production alimentaire et pourtant : https://www.sosfaim.be/les-femmes-sont-responsables-de-la-moitie-de-la-production-alimentaire-mondiale-et-pourtant/
  • Inégalités entre les sexes et changements climatiques : des enjeux étroitement liés : https://www.unwomen.org/fr/nouvelles/article-explicatif/2022/03/inegalites-entre-les-sexes-et-changements-climatiques-des-enjeux-etroitement-lies
  • Les femmes dans le contexte des changements climatiques : https://www.un.org/fr/chronicle/article/le-femmes-dans-le-contexte-des-changements-climatiques
  • https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/le-zero-dechet-et-l-ecologie-renforce-t-il-les-inegalites-femmes-hommes-146391.html

 

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